La photographie de concert

Quel photographe, amateur ou professionnel, n’a jamais eu envie de se mettre à la photographie de concert ? C’est en effet un domaine très particulier et convoité, de par la magie que l’on peut tirer de certains clichés. Pour autant, si la difficulté principale ne réside pas dans son aspect technique, il vous faudra une bonne part d’expérience afin de retranscrire fidèlement l’ambiance vécue à ce moment.

Les contraintes techniques

Dans ses aspects techniques, la photographie de concert présente quelques difficultés. Mais avec une bonne maîtrise de votre appareil photo et une parfaite compréhension de la problématique liée à cette pratique, elles sont loin d’être insurmontables. En effet, en photographiant un concert, vous allez vite vous rendre compte que votre pire ennemi est la luminosité. Elle est globalement faible, d’intensité variable et, qui plus est, de couleurs différentes.
Si vous ajoutez à cela un sujet en perpétuel mouvement, donc difficile à figer dans ces conditions, la question du réglage adéquat va vite se poser à vous. Bien entendu, comme toujours en photographie, il n’existe pas un réglage particulier, mais quelques pistes de réglages à adapter selon les conditions que vous allez rencontrer.

Les réglages du boîtier

La sensibilité

Pour pallier le manque de luminosité, la première chose à faire est d’augmenter la sensibilité de votre boîtier. Selon la salle et la lumière ambiante, il vous faudra opter pour une sensibilité variant entre 800 et 3 200 ISO. Attention tout de même, certains boîtiers d’entrée de gamme produisent des images difficilement exploitables à 3 200 ISO. Inutile de préciser que vous pouvez régler la sensibilité bien plus bas si vous photographiez lors d’un concert en extérieur et en plein jour.

Le mode de mesure

C’est un aspect important en photographie de concert qui va avoir un impact direct sur vos photos. Privilégiez le mode de mesure spot, car les lumières de la scène ont tendance à créer de forts contrastes et ce mode présente l’avantage de ne calculer l’exposition que sur une très faible partie au centre de l’image.

Dans tous les cas, évitez la mesure évaluative ou matricielle, qui va faire une mesure sur différentes zones de votre cadrage afin d’exposer correctement l’ensemble. En effet, lors d’un concert, la scène est généralement sombre et seuls les artistes sont éclairés. Contrairement à la mesure matricielle qui aura tendance à surexposer, la mesure spot permet de calculer la quantité de lumière sur le sujet central uniquement, et non sur l’ensemble de la scène, afin d’obtenir une exposition cohérente.

La balance des blancs

Les jeux de lumière étant permanents et qui plus est avec des spots de couleurs différentes, optez pour une balance des blancs automatique. Même si le résultat ne sera parfois pas l’exact reflet de la réalité, il n’en reste pas moins très généralement plus que satisfaisant. De toute manière n’imaginez pas avoir le temps de régler votre balance à chaque changement de lumière.

Pour les plus pointilleux sur la balance des blancs, vous pouvez aussi opter pour le format RAW plutôt que JPEG, celui-ci vous permettra de régler plus facilement votre balance des blancs en post-production ; de même que de corriger un écart d’exposition si nécessaire.

Le mode d’exposition

L’éternelle question à laquelle il n’y a pas de réponse absolue. Le choix de travailler en mode manuel, « priorité vitesse » ou « priorité ouverture » est une question d’habitude et de maîtrise du boîtier.

Il est généralement conseillé d’opter pour le mode priorité ouverture (A ou Av), car s’il y a bien une constante dans la photographie de concert, c’est le manque de lumière. Ainsi, avec ce mode, on ouvre le diaphragme au maximum de ce que permet l’objectif. Optez autant que possible pour des optiques pouvant ouvrir au minimum à 2,8, et le boîtier calculera la vitesse d’obturation en fonction du couple ouverture/sensibilité. De plus, en ouvrant au maximum, vous réduirez votre profondeur de champ et détacherez ainsi le sujet du reste de la scène.

Pour autant, la limite de ce mode de prise de vue réside dans le choix de la vitesse d’obturation. Si celle-ci est trop lente, parce que vous manquez de lumière ou que votre objectif ne peut pas ouvrir assez, vous risquez de ne pas pouvoir figer le mouvement. Bien qu’un flou de mouvement puisse parfois être intéressant pour retranscrire le dynamisme de l’artiste, cela doit se limiter à quelques photos, et non à l’ensemble du concert.

Si vous êtes confronté à ce problème, optez alors pour le mode priorité vitesse (S ou Tv) et adoptez une obturation suffisamment rapide pour figer les mouvements du sujet. Si vous choisissez ce mode pour pallier les limites de la priorité ouverture, vous risquez alors d’obtenir des photos légèrement sous-exposées. Rien de bien grave à ça : mieux vaut avoir une photo légèrement sous-exposée plutôt qu’une photo floue.

Concernant le mode manuel (M), vous pouvez le choisir si vous maîtrisez bien votre boîtier. Si les conditions de luminosité ne sont pas trop changeantes, vous garderez généralement la même ouverture et n’aurez qu’à faire varier la vitesse d’obturation et la sensibilité selon vos besoins et envies.

La composition

Pour la photographie de concert comme pour tout type de photo, les règles de composition habituelles sont toujours valables. Appliquez la règle des tiers, faites le point sur les yeux quand vous faites un portrait, ne coupez pas un élément si celui-ci fait partie du sujet, etc.

Pour autant, il peut être parfois intéressant de s’affranchir de ces règles selon les concerts ou certains morceaux. En effet, selon l’ambiance sur scène, sortir de la norme peut parfois produire des images plus fortes et plus en adéquation avec l’esprit du spectacle. Attention tout de même, ce qui fonctionne pour un concert de rap ne sera surement pas adapté à un concert de folk.

Pensez aussi à jouer avec les lumières : si la moitié du temps vous allez pester contre elles, les inclure dans votre composition peut être du plus bel effet. Que ce soit pour encadrer l’artiste, marquer un contre-jour, dessiner un halo autour du sujet, la source de toutes les contraintes peut aussi devenir votre meilleure amie.

De même, lorsque c’est possible, pensez à photographier du fond de la salle ou depuis un balcon. Incluez dans votre composition les spectateurs, ils font aussi partie du spectacle et les cadrer peut vous aider à retranscrire encore mieux l’ambiance générale.

Le placement

Au-delà des règles de composition, l’autre difficulté que vous allez rencontrer va être de réussir à outrepasser la présence de nombreux éléments disgracieux présents sur la scène. Pour cela, votre placement va être essentiel. Un mauvais réflexe de spectateur consiste à se placer bien au centre de la scène pour être au plus proche du chanteur. Certes, vous serez proche de lui, mais vous aurez aussi le micro et son pied en plein milieu du cadre. Préférez être en léger décalage afin de décentrer les éléments inutiles à votre composition.

Tout au long de votre prise de vues, essayez de vous déplacer pour varier votre angle de vue, votre lumière ou vous séparer d’un élément visuellement dérangeant. Cependant se déplacer lors d’un concert est loin d’être chose aisée. Veillez néanmoins à ne pas gêner les autres photographes ou à leur passer devant. Tout comme vous, à un moment ou un autre, eux aussi vont changer d’angle, alors inutile de forcer le passage et patientez.

Pour conclure

Après ces quelques conseils de base, vous devriez pouvoir commencer à prendre de bonnes photos de concert. Alors n’hésitez pas à aller dans les petites salles de groupes locaux afin d’acquérir de l’expérience.

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